Le rêve écrit pour nous ce qui compte
Il apparaît à un moment où les défenses psychiques s’assouplissent. Il fait surgir des images, des fragments, parfois étranges, absurdes, déroutants mais jamais neutres. Chaque nuit, quelque chose tente de se dire autrement, là où la conscience, le jour, filtre ou retient.
En séance, je m’appuie souvent sur les rêves lorsqu’ils sont présents, parce qu’ils offrent un accès précieux à l’inconscient. Peurs, désirs, conflits internes, souvenirs déguisés… Le rêve condense, déplace, transforme. Et c’est dans ces détours que se loge parfois une vérité intime, que la parole peut venir peu à peu éclairer.
Il m’arrive d’assister, en séance, à des prises de conscience très fortes, comme si le rêve, en reconstituant à sa manière un rébus intérieur, faisait sauter un verrou. Ce sont des moments rares, puissants, mais toujours profondément inscrits dans le rythme et l’histoire de chacun·e.
Je ne cherche pas à interpréter à la place de la personne. Mon rôle est d’écouter, d’accompagner, et d’ouvrir parfois une piste, une autre grille de lecture, non comme une vérité, mais comme une suggestion, une invitation à entendre le rêve autrement, là où il résonne avec ce qui se vit dans le présent, ou avec des éléments enfouis du passé.
Il m’arrive de proposer subtilement un déplacement de regard, une autre manière d’aborder les images ou les symboles du rêve, toujours avec prudence, et dans le respect du rythme de chacun·e.
Le rêve n’est pas un outil, encore moins une vérité brute. C’est une matière vivante, énigmatique, singulière. Une trace laissée par la nuit, que la parole du jour peut venir travailler. Lorsqu’on accepte de s’y attarder, sans vouloir tout comprendre trop vite, le rêve peut ouvrir une voie d’élaboration, de transformation, parfois de soulagement.
C’est dans ce travail patient, respectueux et engagé, que je trouve souvent la richesse du lien entre inconscient et conscience, entre ce qui échappe et ce qui devient dicible.